Un peu autocentré comme sujet mais après tout parler des émotions qu’on ressent en écoutant de la musique est bien la seule manière pertinente de parler musique. Tout le reste (influences, histoires des genres et des groupes, les analyses, les classements…) ne fait que tourner autour du pot.
Si j’ai régulièrement la gorge serrée, les écoutes qui m’ont fait pleurer (je parle pas de la larmichette hein!) se compte sur les doigts et restent des moments particuliers dont j’ai un souvenir assez vif.
J’ai tellement grandis avec la musique de Mano Solo (merci maman) que c’est presque comme si il faisait partie de ma famille. Je connais les premiers albums par cœur (la Marmaille nue, Les années sombres, Je sais pas trop) au point que chaque frôlement de cordes, chaque raclement de gorge, chaque métaphore obscure, fait sens dans ma tête et m’apparaît comme une évidence.
Je faisais écouter à ma copine de l’époque la version live de « tu t’envoles ». Alors qu’elle était non réceptive à la chanson, j’avais l’impression de la redécouvrir. La différence de la version live avec celle gravée dans ma mémoire, m’a permis de jouir à la fois de sa connaissance intime et de la surprise de la nouveauté.
Je me souviens avoir planqué par pudeur ma tête dans l’oreiller. Bah oui, difficile de partager ce genre d'experience avec une personne qui est restée impassible.
Robert Wyatt représente presque l’inverse de Mano Solo. J’ai l’impression de comprendre chaque chanson de Mano Solo comme si je les avais écrites alors que la musique de Robert Wyatt est beauté qui me dépasse.
Little Red Robin Hood Hit the Road n’est pas mon morceau préféré de cette cathédrale qu’est Rock Bottom et pourtant… J’avais déjà écouté d’une oreille trop distraite cet album mais j’ai eu une sorte de déclic en réécoutant ce titre. Si j’ai pleuré, ce n’est pas à cause de la tristesse de la chanson mais au contraire de joie et d’émotion devant tant de beauté. Un mélange de reconnaissance et de surprise d’avoir la chance d’être touché par tant de grandeur.
Cette chanson représente pour moi encore une autre manière d’être émue par la musique. C’était la première fois que j’écoutais la chanson (trouvée au hasard ici) et j’ai été littéralement saisi (un peu comme un homard dans de l'eau bouillante). La chanson correspondait exactement à mon état d’esprit. Des mots d’amour qui avaient pourtant tout pour sonner comme des lieux communs apparaissaient comme la seule chose qui mérite d’être chantée.
PS: Ce sont en réalité deux chansons mises bout à bout (If you only knew et Let it be me)